lundi 13 avril 2015

Epilepsie pour les nuls

Flingue - 
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moyennes images) - avril 2015 - je suis
d'accord, ça fait mal aux yeux.
Et c'est stupide. Certes.
Ben ouais, on me l'avait toujours dit - j'avais un frère médecin - Sonnez trompettes, allez dormir les autres. Résonnez trombones, ou bien faites donc ce que vous savez faire le mieux – la roue est autorisée, la rondade sera applaudie. Il me faut quand même exprimer par la voix, disons, aux oreilles oculaires des huit personnes qui passent ici faute de mieux parce qu'ils sont rentrés trop tôt – bravo – mais s'emmerdent comme des chiens – bravo itou -, une sorte de chose importante qui ne devrait jamais, dans d'autres circonstances, sortir du poitrail ou du caleçon, des tripasses comme des saucissons grillés : j'ai une verrue tenace à l'index droit, mais ça on s'en fiche – surtout, surtout, je suis amoureux mais pas très doué pour l'exprimer. Les deux sont sans doute liés – j'imagine qu'un enculé de psy pourrait essayer de me le faire comprendre, j'imagine que je ne l'écouterais pas, j'imagine que j'aurais raison.

C'est assez chiant, aujourd'hui, et vous me comprendrez fort si vous avez moins de douze ans, moins si vous en avez plus de dix (absurdité numérique, on en discute quand vous voulez), de ne pas pouvoir à ce point se laisser aller à être câlin et tendre avec la personne que vous aimez d'amour pur, franc, vrai et donc violent, instable, tordu par définition, à longueur de journées. De savoir placer tellement mal la relation à l'intimité qu'elle se borne maladroitement à une main sur l'épaule, un doigt sur la joue et une gaule de chien contre une cuisse droite, tout le temps comme ça, alors même que quand on baise, c'est comme si une entité supérieure m'arrachait volontiers tout l'intérieur pour réaménager le bordel en feng-shui peinard jusqu'à éjaculer droit et franc.

C'est assez pénible, et ne m'en voulez pas trop de me livrer ainsi – en même temps c'est un blog que vous avez choisi de lire, vous ne pouvez donc pas vraiment m'en vouloir -, de ne pas parvenir, jamais, à me laisser aller à une pure bestialité de corps (j'exagère fort, ici, j'adore m'adonner à la bestialité avec la chouette femme que j'aime, elle le sait, je le sais, on vous emmerde), sans le contrebalancer l'instant d'après, et donc drôlement maladroitement, en me vautrant dans les surnoms et onomatopées et bruits de bouche infantilisants, un peu comme si baiser clair nécessitait en tout occasion d'aller ensuite prendre son ticket pour gagner un jeu de cartes au fusil, en fête foraine. Un peu comme s'il fallait s'en vouloir de jouir, et l'expliquer comme ici, s'épancher donc parfaitement moins bien qu'en jouissant à en déchirer les murs.

J'aime baiser, soyons clair, et le faire surtout comme une sortie de mon corps alors qu'il n'y a que lui qui joue son rôle à cet instant précis, le faire comme une évacuation du cervelet au tire-bouchon disons, comme si rien n'avait d'importance cet instant précis – ce qui est précisément le cas – que les battements de son sexe autour du mien, et les coquines excursions de sa main autour du bas de mon bas-ventre et les envolées anarchiques de mes doigts un tantinet gourds autour de ces seins et... bon, ça va, on va pas tout vous balancer tout de suite, y a des sites pour ça. Et nous n'y sommes pas.

Le rapport entre la bestialité brute – sinon brutale -, la sensualité idéalisée d'un film érotique de M6 dans les années 90, l'attention ferme à éviter de devenir une caricature de mâle alpha quand le concept de mâle alpha ne correspond plus ni à la taille de la queue ni à la propension à filer gentiment des beignes à la pondeuse de bébés – non que je regrette tout ça, hein, je ne suis pas éditorialiste réac à la téloche -, l'attention ferme aussi à éviter de devenir le petit ami idéal parfait en tout point parce qu'il sait changer la couche de bébé et doigter peinard Maman dans les mêmes dix minutes – ce qui personnellement, en termes d'instantanéité, m'angoisse un peu forcément -, laisse assez peu de champ, à moins de n'en avoir rien à branler, à la sensualité hardcore, comme à la baise un peu câline, comme à la mesure du sexe ou au souvenir d'un vagin un tantinet taquin en termes de battements de cœur autour d'un chibre plutôt va-t-en-guerre.

Finalement, tout ceci, sous couvert de modernité triomphante et de tir de barrage rigolard au nom de la sympathie deux point zéro, contribue surtout à renforcer encore la dichotomie classique entre, d'une part, les baiseurs sympatoches c'est-à-dire un peu salopards, qui répandent le plaisir comme un astronaute enfonce des drapeaux en terrains vierges (pas trop mon truc, la compétition m'emmerde, comme le fait de compter les points au tennis ou au centre d'appels), et d'autre part les couillons timides qui ont la forme de la bite quasi-imprimée sur la paume droite (pour les droitiers.) Alors qu'on peut bien être, si vous me suivez vraiment, et à condition d'aimer mélanger tous ces termes :
  • un baiseur timide,
  • un couillon sympatoche
  • une bite astronaute
  • un droitier salopard.
« Ah, mais quoi, donc.. les dichotomies ne fonctionneraient donc pas absolument ?
- Sérieux, tu me poses la question ?
- Non, pas vraiment, mais enfin quand même, c'est pratique, les catégories.
- Absolument. Je suis d'accord.
- Tu es d'accord avec moi, donc ?
- Non, non, je suis d'accord avec le triste constat, simplement : c'est pratique, les catégories. Pour les crétins. »